10h, je quitte l’appart pour aller au taf… Je me dirige vers la voiture et là, je
vois qu’on m’a rayé la portière conducteur avec une clef… Minable! …
Ma voiture est moche, mais bon… Une fois sur le périf’, je passe sous le pont de la Porte Champerret, une
silhouette en haut du pont, et un bruit de verre… on vient de me jeter une
pierre sur le pare-brise… J’ai peur, je tremble… Bande d’arrêt d’urgence,
quelques minutes, je reprends mes esprits… J’ai des éclats de verre sur moi,
dans les cheveux… je saigne pas, je n’ai rien… Je sors du périf… Y’a quand
même des gros connards sur cette planète…
Troisième accident de moto en 3 mois… La peur prend possession du corps et de la tête à présent… Cette maudite sensation de jouer sa vie pour aller travailler. Une roulette russe que je dois être en mesure de refuser. Aucune intention suicidaire pour continuer dans cette direction. Cette fois ci, la moto est HS… Ma Belle… abîmée, cassée… Ca me fout en l’air, tout ça pour un boulot… Et peu de gens comprendront l’attache qu’il y a entre cette machine et moi. Y compris des personnes très proches. Ma mère: « Vends ce qu’il reste de ta moto, tu trouveras bien des gens qui achèteront ça à la pièce…
9h45… Rond point de Viry. avant l’A6… La tête ailleurs, le froid… un freinage prononcé, une ligne blanche humide, et je sens mon corps qui se mêle au bitume avec violence… Le bruit, c’est ce qui reste, le bruit de la moto qui glisse sur la chaussée, et moi qui reste coincé dessous… Et puis la douleur, l’attente à l’hôpital, les médecins, les infirmières qui défilent, les radios… le silence pesant de cette solitude où tout se fixe sur la douleur, on tourne en rond…
Je ne sais pas comment, ni pourquoi, mon sac est à coté de moi, je sors l’appareil, il est intact. Je prends une photo pour vérifier que tout fonctionne.