Au revoir mon Papi… Tu vas me manquer. Alexandre Messyasz, c’était mon grand-père, indestructible, la guerre, les camps de prisonniers, son travail d’architecte aux mines, sa trompette, ses dessins, ses peintures. 98 ans, t’auras pas fait aussi fort que Willy Ronis, mais c’est pas mal quand même. J’ai de la peine. Beaucoup. De toutes ces traces de gouaches et de fusain qui trainent dans mes veines, ça vient de toi. T’es parti, et tu reviendras pas. Je prendrais soin de ce que tu m’as laissé, ces tableaux, ces dessins, ces tas de crayons agés de 80 ans, cette palette, cette boite de tubes de peinture à l’huile, l’appareil photo de ton papa, de 1928 acheté à Paris chez Uniprix, ton Pentax K1000, ce beau chevalet, et des moments qui brillent encore dans ma tete…
Y’a aussi cette voiture que tu m’as donné y’a deux ans, une Twingo de 1997, moins de 30000 kms au compteur. Elle ne roulait plus, tu ne conduisais plus. Tu serais content de voir qu’elle sert beaucoup pour mes reportages en dehors de Paris.
Putain merde…. ça remue quand même… Repose-toi bien.
Pas vraiment dans mon assiette, mais je ne lâche rien. Le salut dans le travail, l’occupation de la tête en évitant l’overclockage. La vie a ses surprises, et je vais reposer mes 6 mètres cube de carton près des rails de la Gare du Nord, simple coïncidence, mais ça reste étrange. Je regrette juste que tout ce bordel m’empêchera de partir cet été. La raison a aussi ses choix, ou plutôt, ses évidences sous contraintes.
Les lieux se transforment… Des murs de cartons s’empilent doucement, brutalement aussi… Il faut avancer, même quand on croise des souvenirs entre deux étagères, des lettres, des post-it oubliés, le Pentax de mon grand père… Je l’ai aimé cet appart… et en rangeant, ses raisons d’être disparaissent. Ses murs se vident de leur essence vitale. La cigarette à la fenêtre me rappelle encore, comme si c’était utile, que malgré le bruit des trains, je vais quitter la plus belle vue de Paris que j’ai eu. Et surement, la plus belle que vous ayez eu aussi (oui je prends un risque complétement fou je sais)
C’était utile et nécessaire, que je passe les derniers jours seul ici… C’est encore chez moi, et j’y range mes affaires, c’est mon Donjon… C’était mon Donjon, et ça,…