Le plein hiver approche, le froid sec dans la rue me rappelle bien sur quelque chose… Je chasse cette idée, mais je n’ai pas envie. J’y repense… Je me fais un café, m’installe sur le bureau, je pousse le clavier, décharge le film terminé qui est dans le Leica, je me plonge dans deux ou trois photos de Depardon, je tends la mains et attrape le carnet de voyage de New York, c’est tellement frais, c’est pourtant déjà loin… J’ai encore envie de cet ailleurs, celui là ou un autre peut-être. On est toujours attiré par le vide. les « ailleurs » sont mes vides… Je recharge un film dans l’appareil, je range le carnet précieux, et remets au siècle prochain, mon café improbable avec Raymond..
Je me lève la nuit pour dévorer du chocolat, j’ai des dossiers inachevés
plein la tête, et tout se mélange… J’ai presque achevé d’archiver plus de
10 ans de photos sur pellicules, des vues en négatifs qu’on oublie parfois
trop vite, enfermées dans des boites en cartons seulement des étiquettes
datées, parfois un nom, une ville… J’ai des envies de « grands ailleurs »
et me couper du monde, juste quelques jours ou quelques semaines et
mieux revenir… J’ai envie de courant d’air, de savoir si Belleville est si
belle, d’avancer sans fermer les yeux…
C’est peut-être surtout ça: avancer sans fermer les yeux…
Être là, et pas ailleurs… De ces petits jours ordinaires qui sonnent autrement. A ce goût singulier qui serre la gorge, car non, ce n’est pas comme hier… Le temps qui se compte seul, sans demander notre avis. Il passe, il presse, il pousse, et parfois il nous laisse sur le coté… Aujourd’hui, il ne m’a pas oublié ce con… Et il martèle bien son message dans mon cerveau déjà encombrés de mille autres pensées… Je cours après des chimères, c’est sûrement mieux que de courir après rien… quoique… Rien, c’est parfois mieux qu’autre chose.
Je voudrais faire mon sac, et partir me rendre prisonnier d’une grande pomme. Encore.
Dans la tête, encore les images du film… Petit passage à la librairie de Beaubourg, un tour du monde en 14 jours, des sentiments voyageurs comme j’aime…
Ce matin, il a neigé… J’ai rêvé quelques instant qu’une tempête de neige recouvre Paris… mais rien n’a tenu….